Définition courante:
Signal quelconque qui après avoir été associé
à la représentation d’un stimulus inconditionnel,
provoque de lui-même une réaction chez un sujet.
Définition en Sciences Sociales:
Processus à la base d’une théorie de l’apprentissage,
due à Pavlov, qui la fonde sur l’analyse du réflexe
conditionné. Ce dernier est une réaction attachée
à certains stimuli, dits absolus, liés à la satisfaction
des besoins et qui surviennent également à propos d’autres
stimuli, lorsqu’ils ont été associés assez
durablement au stimulus absolu.
La théorie a été étendue aux phénomène
de socialisation (propagande, habitudes de consommation...), à
la psychothérapie, et aux réactions dans les groupes.
I Le conditionnement d’une cible
dans le cadre d’un harcèlement
Le conditionnement consiste à faire
en sorte qu’un individu associe un événement, une
situation, à un comportement, une attitude afin de provoquer
une réaction psychologique, physiologique ou comportementale.
La construction de cette association va être basée sur
la provocation répétitive d’un stimulus jusqu’à
ce que l’individu finisse par modifier son comportement.
Le conditionnement peut être positif ou négatif, selon
que la perception du stimulus de départ entraîne une gratification
ou une sanction, cependant c’est dans son aspect manipulateur
négatif que le conditionnement est le plus intéressant,
par les réactions qu’il est susceptible d’entraîner.
De nombreux moyens ont été
mis au point dans le domaine de la psychologie expérimentale,
afin de conditionner un individu, et il n’est pas possible de
les décrire tous ici.
Cependant, l’un de ses moyens réside dans le harcèlement.
En effet mettre un sujet en position de
cible au sein d’un groupe, permet de modifier l’équilibre
de celui-ci, afin de modifier sa perception de la réalité
et son comportement.
Le harcèlement va alors simplement
consister à générer artificiellement une phobie
chez l’individu, qu’il n’avait pas auparavant, à
provoquer une angoisse face à une situation qui n’était
pas anxiogène auparavant, à percevoir une menace là
où il n’en percevait pas avant.
Modifier l’équilibre de l’individu n’est pas
difficile, et consiste seulement à le soumettre à des
attaques répétées de manière anarchiques.
Celles-ci le conduiront dans la durée, après avoir d’abord
suscitées des réactions d’affrontements, ou d’évitements,
à s’isoler socialement souvent dans une dépression.
C’est seulement à partir du
moment où l’individu va être isolé, qu’il
va alors pouvoir être manipulé et conditionné plus
rationnellement, en donnant du sens aux attaques qu’il va subir.
A force de répétition, la simple perception d’un
stimulus, -par exemple la rencontre de personnes issues de certaines
catégories socio-professionnelles- engendrera dans la durée
une angoisse, une répulsion, un comportement que l’individu
adoptera instinctivement.
Toute association est possible afin de
générer une réaction anxiogène chez un individu,
dans le cadre d’un harcèlement à partir:
- de l’une de ses attitudes ou de l’un de ses comportements
-en poussant ce dernier à l’abandonner, ou au contraire
en l’enfermant dans la répétition de ce comportement
ou de cette attitude-
- d’un type de situation
- d’une catégorie d’individu
- d’un code vestimentaire
- d’un type de discours
- d’un type de comportement chez autrui
Dans tous les cas, la cible, à la
perception du stimulus anxiogène, modifiera son comportement
momentanément généralement par l’évitement,
et/ou en adoptant un comportement dérivatif visant à extérioriser
son angoisse jusqu’à ce que l’évitement soit
possible.
Lorsque l’évitement n’est pas possible, c’est
par une réaction violente que l’individu va être
amené à réagir, afin de préserver son intégrité
psychologique et/ou physique.
Avec le temps, le conditionnement permet de générer une
phobie durable chez un individu, et un comportement conditionné.
II La phobie
Lors d’une phobie intériorisé
dès l’enfance, -araignée, serpent...- un individu
adoptera souvent 3 types de réflexes simultanément ou
successivement: la fuite instinctive, la manifestation comportementale
de l’angoisse -l’extériorisation-, ou la panique,
-le raptus incontrôlé, passage à l’acte: meurtre,
comportement suicidaire, fuite panique-.
A partir de la phobie, on peut décrire le processus de conditionnement
qui peut devenir pervers, en agissant minutieusement à la fois
sur le réflexe de fuite, sur le comportement d’extériorisation
de l’angoisse, et sur la réaction de panique.
C’est en agissant sur ces trois réflexes que l’on
peut conditionner un individu dans le cadre d’un harcèlement.
- On peut ainsi modifier le premier réflexe.
Au lieu de provoquer un évitement pur et simple, ou une fuite
instinctive, on peut amener un individu à tolérer le stimulus
anxiogène, en favorisant davantage l’extériorisation
de l’angoisse.
C’est d’ailleurs ce qui se fait dans le cadre du traitement
thérapeutique des phobies, en amenant progressivement l’individu
à comprendre que sa phobie est purement psychologique.
Dans le cadre d’un harcèlement, c’est exactement
l’effet inverse qui va être recherché. Il va s’agir
pour un groupe, d’imprégner psychologiquement un individu, en faisant en sorte qu’il se sente impuissant,
incapable de pouvoir se soustraire au stimulus dans un court délai,
et ainsi à pérenniser l’angoisse face à la
perception de ce dernier. C’est ce qu’on appelle l’emprise.
Généralement ce stimulus dans le cadre d’un harcèlement
consiste à paralyser la cible face à une menace d’agression
ou face à des menaces de mort ou d’enlèvement proférées
à son encontre.
Dans l’impossibilité de fuir, l’angoisse ne va alors
pouvoir être contrôlée qu’en adoptant momentanément
un comportement dérivatif qui va consister à extérioriser
celle-ci.
Ce réflexe d’extériorisation de l’angoisse,
se produit généralement simultanément avec l’évitement
instinctif -que l’on retrouve chez les animaux-, et peut accessoirement
servir à prévenir d’autres individus de la menace.
Le conditionnement va consister à rendre indépendant l’association
de ces deux réflexes.
- Ce comportement d’extériorisation
est le deuxième réflexe qui va pouvoir être conditionné
par le harcèlement.
Une fois que la victime a adopté sans succès tout les
comportements rationnels défensifs socialement -culturellement-
codés face à une menace d’agression -répartie,
insulte, menace en retour, lutte contrôlée ou évitement
social-, les harceleurs vont pouvoir entraver puis modifier cette réaction.
Cette dernière va pouvoir être conditionnée, manipulée,
orientée, pour trois raisons:
- c’est un réflexe qui est toujours inconscient mais qui
n’est plus inné ou instinctif comme le premier ou le dernier
réflexe mais acquis.
- elle correspond à la phase d’adaptation de l’individu
au stimulus, avant d’agir -période de sécrétion
d’adrénaline-. La prise de recul avant l’action va
faire intervenir le raisonnement en terme de perte et profit, en terme
de coût et d’efficacité de l’action.
- il s’agit d’un comportement chargé de sens socialement,
sens que l’on peut donc modifier.
Toute la stratégie du conditionnement
de ce réflexe -tout comme les deux autres- va s’inscrire
dans la durée, afin de paralyser la victime, pour obtenir ensuite
une réaction appropriée.
En effet, à force de voir toutes ses réactions défensives
normales inopérantes sur la volonté du groupe qui le harcelle,
la cible va en fait devenir suggestible.
Il s’agit alors de faire en sorte que la cible, abandonne les
réactions normales qu’elle utilisait, au profit d’une
attitude alternative qui lui est verbalement suggérée,
par des injonctions répétées.
Celles-ci répétées seront intériorisées,
lorsque la cible aura pris conscience qu’en s’y conformant
momentanément face à une menace d’agression, cette
dernière sera susceptible de cesser.
On observera qu’il est nécessaire aux harceleurs, de bien
connaître la cible, afin de l’amener à modifier progressivement
son comportement, tout en inhibant le réflexe de panique
instinctif. Pour cela, les harceleurs ont juste à montrer qu’ils
sont extrêmes, afin que la cible finisse par craindre d’adopter
ce type de réponse panique où elle perdra si n’est
la vie, du moins sa liberté. -prison, institution psychiatrique-
(toujours le calcul des pertes et des profits)
- Une fois ce conditionnement obtenu, l’individu
n’a plus qu’une possibilités pour réagir face
à une menace: adopter systématiquement le comportement
conditionné. Cependant, ce comportement dérivatif ne sert
qu’à canaliser l’angoisse, en l’extériorisant
momentanément. Devenu trop anxiogène, la situation est
toujours susceptible de provoquer l’adoption d’un réflexe
panique.
C’est en cela que consiste le conditionnement du troisième
comportement réflexe. Comme la réaction panique est instinctive,
on ne peut jamais totalement la supprimer. On peut seulement paralyser
momentanément la victime. L’utilisation de représailles
systématiques lorsque l’individu a pu avoir recours à
la violence auparavant, est de cet ordre. Mais c’est également
en rappelant constamment à l’esprit de la cible, les conséquences
d’un raptus ou d’un passage à l’acte que cette
dernière sera susceptible d’être paralysée.
Ceci n’est valable tant que l’intégrité psychique
ou physique de la victime n’est pas en mise en danger. En confrontant
la cible à la mort, en faisant durer la menace d’agression
trop longtemps, c’est toujours une peur panique et un raptus que
l’on obtient. On notera que je ne parle que de menace, car la
mise en acte de l’agression, génère toujours cette
réaction instinctive de survie.
Dans le cadre d’un harcèlement, on se trouve toujours dans
une confrontation, dans un rapport de force, répétitif
certes, mais qui ne dure que quelques secondes à chaque fois.
Plus la confrontation perdure, et plus le réflexe conditionné
risque d’être abandonné au profit de la violence.
Reste que même si on peut harceler
quelqu’un dans la durée, il est matériellement impossible
de conditionner une personne 24h/24 si la victime n’est pas enfermée et à
disposition permanente.
-cependant, même si la cible ne l’est pas, des harceleurs
ont désormais la possibilité d’agir pendant son
sommeil à son insu, ce qui est susceptible de faire perdurer
certains effets, sans que celle-ci n’en ait conscience, -
Quoi qu’il en soit, le harcèlement aura des effets durable -sur plusieurs
années-, et le conditionnement sera toujours susceptible d’être réactivé même longtemps après. Mais ce dernier seulement lors d'une attaques.
Un conditionnement est soumis à la perception de stimuli. Dès
lors que ces stimuli ne sont plus perçu par la cible, le conditionnement
ne cesse pas, mais est mis à l’index.
C’est de cette façon que l’on peut toujours faire
ressurgir un réflexe conditionné même des années
après. Mais en aucun un réflexe ne peut être adopté
pendant plus de quelques secondes, voir quelques minutes.
Enfin, dans le cadre d’un harcèlement, les
harceleurs ont peu d’amplitude pour modifier le premier réflexe
de la cible: simplement le fait de retarder la fuite.
Ils ont également peu d’amplitude pour modifier le dernier
réflexe: retarder la réaction panique.
On observera que dans les deux cas, ces réflexes ne sont absolument
pas humain, mais animal, ou plus exactement instinctif et anti-social.
Cependant, concernant le réflexe
intermédiaire, même si l’amplitude de choix d’adoption
d’un comportement est élevée, -aspect quantitatif-,
car ce conditionnement agit à un niveau social, il ne peut rester
que momentané -aspect qualitatif: l’intensité de
l’angoisse-, et ne peut être sollicité plus de quelques
minutes tant que l’individu est obligé d’être
confronté au stimulus, et dans ce cas si un accord tacite de
non agression a été passé - notamment lorsque la
cible est en contact avec un des membres du groupe qui le harcelle,
sans pour autant l’agresser-. Ce type de comportement peut d’ailleurs
être perçu comme une rôle, et joué socialement
un certain temps, sur le mode de la dérision par exemple. -le
terme social est important. La sexualité est hors du champ social-
Ainsi, on peut amener quelqu’un à adopter un comportement
tant que son intégrité psychique et physique n’est
pas menacée. Mais, en menaçant son intégrité,
cela revient à sortir du conditionnement, à le faire cesser
et à confronter l’individu à la seule possibilité
qui lui reste, le raptus, l’élimination violente de la
menace.
Le réflexe intermédiaire dans le cadre d’un harcèlement
est donc social, et ne reste opératoire que tant qu’il
le reste. A partir du moment où la menace d’agression qui
elle est anti-sociale est mise en acte, la cible confrontée à
sa mort, est de nouveau confronté à l’ultime réflexe
qui lui reste si il n’a pas la possibilité de fuire: tuer
ou être tuer.
Tout ceci ne concerne que le conditionnement social négatif.
Cependant, c’est le même processus qui s’appliquer
concernant “l’assaisonnement sexuel”, ou conditionnement
sexuel, à quelques variantes près, notamment par l’utilisation
d’une drogue, qui peut conditionner aussi bien des attirances
que des répulsions fantasmatiques, et qui peut même consister
à mettre la victime en position de déni. Ce type de conditionnement
consiste à modifier l’inconscient de la victime, sans pour
autant qu’il n’y ait de mise en acte des fantasmes. C’est
même tout le contraire qui se produit, et c’est bien consciemment
à une phobie, à une répulsion que la victime va
être confrontée.
De la même façon que le conditionnement par le harcèlement,
le conditionnement sexuel se fait par la séduction récurrente
de la part d’un type de partenaire, ou par le rappel de la possibilité
d’un type de sexualité. Tant que ces séductions,
ou que ces rappels continuent, la victime reste sous l’emprise
du conditionnement, et continue d’être déstabilisée,
en déniant par exemple. Le désir ne peut en fait pas être
assumé à partir du moment ou il a été artificiellement
créé, mais provoquera une ambivalence.
Ce type de conditionnement est vraiment pervers, et n’est rien
d’autre que de la torture mentale, remettant en cause la personnalité,
et l’identité de la cible.
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