Prostitution
: légitimer, légaliser or décriminaliser ?
-réponse à un article paru dans la presse régionale
d'une localité ou je résidais-
j'ai lu votre article concernant vos travaux sur la prostitution, et
en tant que diplômé en Sciences Humaines, j'aimerai vous
apporter mon point de vue concernant vos recherches et vos revendications.
Comme vous le faites remarquer, on n'exerce pas le métier de
prostitué en faisant un choix librement consentis.
C'est une option que des femmes vulnérables adoptent seulement
sous pression, que celles-ci soient familiales ou collectives, généralement
après une phase de déconstruction psychologique entreprise
dés l’adolescence, jusqu’à l’obtention
du résultat requis.
Cette déconstruction consiste souvent en un viol, ce que les
anglais appellent le “seasoning” ou assaisonnement en français,
l’objectif étant de casser psychologiquement la victime
en détruisant tous les étayages psychologiques et socio-culturels
susceptibles d’entraver l’acceptation de sa marchandisation.
Ainsi le seasoning par l’empreinte qu’il laisse, permet
de modifier l’intégrité psychologique de la victime
en lui faisant appréhender la violence subie sur un mode fantasmatique
-notamment si elle fut droguée-. Cet état modifie le degré
de vulnérabilité de la victime avec toutes les conséquences
que cela induit si elle reste dans un environnement social pervers.
La plupart des prostitués sont donc
des victimes. Mais ce n’est pas ainsi qu’elles sont perçues
par la majorité, qui tolère qu’une catégorie
de femmes soit destinée à être discriminées
et stigmatisées.
Ce phénomène vient:
- premièrement du fait des liens qui ont toujours unis ce milieu
avec les réseaux criminels.
- Cette stigmatisation a également peut être pour but fallacieux
de dissuader d'autres femmes d'adopter ce mode de vie destructeur, sensé
apparaître comme une alternative intéressante à
la misère. Cette façon d’envisager ce type d’activité
en la marginalisant, nuit en fait à la perception de la totalité
de la gente féminine, en suggérant que la prostitution
soit une possibilité naturelle émanant d’une perversion
attribuée à la personnalité de l’ensemble
des femmes elles-mêmes.
Cette façon de percevoir les femmes de manière péjorative
dans les sociétés patriarcales, permet de souligner le
caractère pervers de ce type de régulation sociale, qui
stigmatise la population la plus fragilisée au sein d’une
communauté déjà oppressée, et généralement
issu de groupes socio-culturels dominés.
En fait toutes les attitudes sociales vis à vis de la prostitution
dans le monde occidental est purement hypocrite, favorisant ainsi le
silence et toutes les formes de dérives.
Cependant il y a un autre moyen de réguler
socialement la prostitution, qui permettrait de faire en sorte que les
prostituées puissent être réinsérer dans
la société sans pour autant faire de cette profession
une option valable, tout en changeant profondément la perception
que la société peut avoir des femmes en général.
Pour cela le statut des prostitués
doit changer.
Concernant l'abolition de la prostitution,
il s’agit d’une option purement utopique. Une source de
revenu aussi pérenne pour autant d'acteurs dans la société
ne pourra jamais être abolit.
La décriminalisation aurait pu être
une idée valable. Mais du même coup, on ne change absolument
rien à un système qui considère les femmes comme
des objets marchandables. Elles pourront d’ailleurs de ce fait
toujours être amenées par la violence, c’est à
dire par un processus coercitif, à devenir des esclaves sexuelles.
Enfin, l'aspect financier restera toujours incontrôlable, et si
la partie visible du système pourrait en apparence paraître
viable, les marges ou les extrêmes demeureront toujours occultes.
Par ailleurs, on peut décriminaliser une activité, mais
cela ne change en rien la perception que peut en avoir la société
bien pensante et donc la stigmatisation dont font l'objet les prostitués.
La seule et unique solution est bien la
légalisation.
Mais cette option doit être adoptée de manière concertée
avec tous les acteurs institutionnels, et doit s’accompagner d’autres
réformes plus globales.
la légalisation permettrait:
-de changer la perception que peut avoir le public de cette profession,
ce qui permettrait de réduire les discriminations.
-d'apporter plus de clarté dans la gestion d'un phénomène
incontrôlable pour les acteurs judiciaires à partir du
moment où via la corruption, les systèmes politiques ou
bancaires profitent de ce système.
-d'apporter le maximum de protection aux femmes qui se retrouvent contraintes
d'exercer cette profession, tant au niveau psychologique, physique,
que financier, tout en restaurant leur libre arbitre et leur capacité
à être des acteurs agissant sur le système qui les
opresse, leur permettant ainsi de se ré-approprier et de réguler
les passations de pouvoir auxquelles elles peuvent être confrontées.
-d'apporter une régulation dans les conditions d'exercice de
la profession, et par rapport aux rôles de ses acteurs.
-de restaurer les droits et la dignité des prostituées,
qui en étant réinsérées dans la société
ne serait ce qu'en tant que contribuable, pourrait prétendre
à ne plus être discriminées ou stigmatisées.
- La légalisation permettrait également de pérenniser
la perception destructrice de cette activité, sans hypocrisie,
en faisant en sorte de ne pas faire de ce métier une option valable
que des jeunes femmes pourrait avoir le sentiment de choisir avec raison
pour accéder à une vie meilleure. La pression actuellement
exercée à cette fin, opère via une violence banalisée,
à l'encontre des prostitués en particulier, mais en se
répercutant à toute la catégorie des femmes.
C’est ce moyen de pression qui doit évoluer.
La liste suivantes des avantages de la
légalisation pourrait être complétée en interpellant
directement les personnes concernées:
- la nécessité d’officialiser
l'existence des bars ou des bordels, leur nombre pouvant être
limité. L'état doit seul en assurer la gestion et donc
devenir le seul proxénète.
- empêcher la circulation de cash au sein de ces établissements.
Cela permettrait de contrôler les flux financiers, et de retrouver
les clients en cas de problème.
- les réseaux criminels ne devraient plus en conséquence
bénéficier de cette manne.
- les prostitués doivent être rémunérées
par l'état, et leur famille aidée financièrement
si nécessaire, mais pas systématiquement afin d’éviter
toute stratégie familiale étayée sur la cupidité.
Leur rémunération doit être en rapport avec le niveau
de vie d'une femme qui travaille en usine, voir à peine plus
ceci afin d’éviter de faire de la prostitution une situation
viable.
-en contre partie d'un salaire bas, l'état en association avec
le milieu associatif doit offrir tout le soutien possible visant à
favoriser la protection, le respect et l'épanouissement psychologique,
physique, et intellectuel des prostitués:
soutien thérapeutique, contrôle de santé, formation
professionnelle, respect des droits, respect du libre arbitre, de la
dignité, via le choix des clients, des types de pratiques, du
nombre de clients..., soutien spécifique des mères de
famille.
L'état doit ainsi favoriser la réinsertion des prostitués
dans le système professionnel conventionnel et leur épanouissement
affectif, en faisant de cette activité qu’une option transitoire
de courte durée. Une jeune femme contrainte d’exercer cette
activité aura à partir de là de multiple chances
de sortir de ce système: soit en suivant une formation professionnelle,
soit en trouvant un partenaire affectif parmi ses clients, relation
susceptible d’être suivie par le milieu associatif, notamment
quant aux violences susceptibles d’apparaître dans le couple.
- pour les prostitués souhaitant exercer à leur domicile,
faire en sorte que les milieux associatifs assurent un lien quotidien
avec celles-ci.
Tout cela permettrait d’éradiquer
et ainsi de traquer toute forme de prostitution sauvage, en facilitant
le travail de la police.
L'absence de circulation de cash, permettrait d'éviter toute
forme de corruption, ou de blanchiment d'argent. Le paiement par CB
ou chèque, permettrait également d'identifier les clients
en cas de problème, et de mieux réguler les flux financiers
en jeu et leur utilisation.
La suppression du proxénétisme permettrait d'enrayer le
trafique d'être humain, et toutes formes de violences ou de pressions
dans le cadre de l'exercice de cette activité, et de démanteler
certains réseaux mafieux.
La médiation du milieu associatif
permettrait de réguler l'activité des femmes, de veiller
à leur bien être, à leur équilibre psychologique
et d'être des observateurs attentifs de toutes dérives.
La moindre somme récoltée ne devrait pas enrichir l'état
mais assurer aux prostituées toutes les prérogatives qu'elles
sont en droit d'attendre de la société, au titre de l'exercice
d'une activité dégradante. (formation professionnelle,
sécurité...)
Mais le plus important dans ce type de régulation, est peut être
qu’elle apporte une autre perception de la communauté féminine
dans les sociétés patriarcales.
Ce ne sont encore que quelques idées qui demanderaient a être
étudiées et adressées au public concerné,
mais je pense qu'elles permettent de s'affranchir de l'hypocrisie générale
qui concerne l’esclavage sexuel, et qui favorise toute forme d'abus.
le silence permet tous les abus.
Globalement , on l’aura compris il s'agit de réguler cette
activité, et que cette régulation soit a la fois faites
par les acteurs institutionnels, associatifs et par les victimes de
ce système.
Même s’il est impossible d'ôter toute forme d'oppression
au sein de ce dernier, du fait des rapports de force qui émane
de la sexualité, on doit par contre changer le type d'oppression.
c'est le but recherche.
Tout cela n’est bien sur applicable qu’à partir du
moment où la probité de la police est sans faille, c’est
à dire à partir du moment où la police et l’état
sont soumis à des mécanismes de régulation susceptible
d’annihiler toutes formes d’impunité.
Parallèlement, au niveau financier, le secret bancaire devraitt
être abrogé, les pays qui le pratiquent devant subir des
pressions économiques, la mise en place d’un réseau
bancaire centralisé et régulé à l’image
de ce qui ce fait dans le secteur du voyage, avec le réseau Amadeus
pour la réservation de billet d'avion, devenant possible avec
internet.
|